Droit de réponse

L’annonce de la conférence du 9 janvier 2023 à Quimper a suscité la réaction de la Libre Pensée des Côtes-d’Armor qui a entraîné dans son sillage l’ARAC (une association que j’ai découverte) et des associations « patriotiques » s’il faut en croire le journal le Télégramme du 7 décembre 2023 .

Si « Libre Pensée  » veut dire liberté de conscience, liberté de culte, liberté d’expression, liberté d’association… soit une allusion à la Charte des Nations Unies signée le 25 juin 1945 à San Francisco ou comme exprimé dans la Déclaration universelle des Droits de l’Homme du 10 décembre 1948 à Paris, alors je ne pourrais qu’abonder. 

Mais « Libre Pensée » dans le cas d’espèce n’est qu’une revendication assez grossière d’un idéal humain pour avancer des orientations faciles à identifier : un anticléricalisme viscéral, contraire à la conception tolérante et apaisée de la laïcité qui est la mienne. Un anticléricalisme contre une religion, le christianisme et, plus particulièrement, le catholicisme et son église, pour ce qu’elle représenté par le passé plus que par ce qu’elle représente aujourd’hui. Je perçois l’anticléricalisme de la Libre Pensée comme une forme d’antisémitisme, envers non pas les Juifs, mais les chrétiens.

« Libre Pensée » pourrait aussi signifier qualité de la pensée, du raisonnement, une pertinence intellectuelle, un chef-d’oeuvre d’intelligence… Les communiqués de la « Libre Pensée » relatifs à l’abbé Jean Marie Perrot, taxé de « SS » alors qu’il a sans ambiguïté dénoncé le nazisme, désillusionnent assez rapidement sur les progrès de la pensée que l’on peut attendre de cette association.

Quant au passé de cette association pendant la Seconde Guerre mondiale, quelques éléments sur le site contreculture.

La Libre Pensée et consorts n’ont pas moins exigé du préfet du Finistère qu’il interdise la conférence. Soit la liberté de penser comme la Libre Pensée et pas autrement, interdiction d’aborder sereinement la vie de l’abbé Jean-Marie Perrot et son héritage, ce qui relèverait du « révisionnisme » selon les termes rapportés par le journaliste Régis Nescop dans un article paru dans Le Télégramme du 7 décembre 2023.

Le préfet du Finistère n’a pas donné suite aux objurgations des plaignants : il n’y avait d’autres risques à l’ordre public que ceux que Libre Pensée et consorts auraient été susceptibles de créer. Des plaignants qui ne représentent plus grand chose avec un Parti communiste qui survit encore un peu électoralement dans le Finistère.

La conférence a compté 93 participants y compris l’animateur et les conférenciers. Nous considérerons que dans l’assistance, un des participants était venu pour des raisons professionnelles plus que par intérêt pour le sujet. Il aura pu faire un compte-rendu des débats à ses collègues restés à l’extérieur.

Cette tempête dans un verre d’eau nous aura donné l’occasion d’un droit de réponse dans le journal Le Télégramme du 21 décembre 2023 :

Ci-dessous le texte :

L’article intitulé « 80 ans après sa mort, une conférence sur l’abbé Perrot fait polémique à Quimper » dans l’édition du 7 décembre du Télégramme cite mon nom et taxe mon dernier ouvrage « Jean-Marie Perrot – 12 décembre 1943, un crime communiste » de « révisionnisme » : ce livre n’a aucun caractère révisionniste, il se contente de révéler des faits.

Mes livres s’appuient sur des archives relatives à la Seconde Guerre mondiale qui sont devenues accessibles sous dérogation à partir de 2005 puis librement communicables pour le principal d’entre elles par décret du 24 décembre 2015. Il est désormais possible d’écrire l’histoire de la Seconde Guerre mondiale à partir d’un très important corpus de documents quasiment inexploité, car il n’était pas jusqu’alors accessible aux historiens. Les faits révélés par ces documents sont plaisants ou déplaisants, mais ils sont les faits. L’ouverture de ces archives révèle des comportements répréhensibles et même criminels (assassinats, y compris de jeunes enfants, viols…) de la part de résistants dont la mémoire a pourtant été honorée pendant des décennies comme des libérateurs, mais dont les exploits sur le terrain ne sont pas avérés.

Dans mes livres, je dénonce les deux totalitarismes génocidaires du XXe siècle, le nazisme et le communisme, complices dans le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale.

J’exprime mon grand respect, parfois mon admiration et même mon amitié, envers les résistants qui se sont engagés pour la libération du territoire, au risque de leur vie, en combattant sans haine les Allemands, non pas leurs compatriotes, sans desseins politiques partisans tendant à la prise du pouvoir à la libération, mais pour restaurer un État de droit et une société fondée sur des valeurs humanistes. Parmi ces résistants, les nommés :

  • Georges Ollitrault, né en 1925, engagé en 1941 parmi les Francs-tireurs partisans (FTP) pour 3 ans de clandestinité. Brigade de sabotage puis maquis Tito, deux évasions, nombreuses opérations et combats contre les troupes d’occupation, un parcours exceptionnel dans la Résistance ;
  • Marcel Mervin, né en 1925, engagé en 1943 dans l’Organisation civile et militaire (OCM) puis chez les Francs-tireurs partisans (FTP). Engagé volontaire à la Libération dans la Première Armée française jusqu’au 8 mai 1945.